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Marc Pernot le 9 juillet 2017

prédication du pasteur Marc Pernot
pour le dimanche 9 juillet 2017

Cette lettre dite « de Jacques » est une énigme. Elle appartient à un courant particulier du christianisme du premier siècle, un courant disparu ensuite, et c’est pourquoi sa place même dans la Bible a toujours été très discutée. Certains experts pensent que cette lettre est bien de Jacques, un des frères de Jésus. D’autres exégètes disent que cette lettre a été écrite à la fin du Ier ou début du IIe siècle par des chrétiens issus du judaïsme libéral.

Que Jacques, un des frères de Jésus, en soit l’auteur expliquerait en tout cas quelques éléments troublants de cette lettre.

Le premier est qu’elle commence par quelques mots de présentation qui nous semblent ordinaires mais qui étaient extraordinaire à l’époque : « Jacques serviteur de Dieu et du Seigneur Jésus ». « Serviteur de Dieu » semble banal, et même humble ? Pas du tout, car dans la Bible Hébraïque, ce titre n’est donné qu’à Moïse, Josué et David. Par conséquent, seule une personne éminente pouvait se présenter ainsi sans que tout le monde rigole. Deux Jacques étaient des personnes éminentes dans la communauté chrétienne du Ier siècle : Jacques, l’apôtre et frère de Jean, un des très proches de Jésus. Le second Jacques bien connu est le frère de Jésus que l’on voit dans le livre des Actes des apôtres être le chef de l’église de Jérusalem, supérieur aux apôtres Pierre et de Paul (Actes 15). Le plus probable est que cette lettre de Jacques soit signée par lui. Mais est-elle écrite par lui ou écrite bien plus tard et mis sous son nom en hommage ?

En tout cas, cette lettre est vraiment atypique par rapport aux autres textes du Nouveau Testament. Des ressemblances font penser que l’auteur a connu quelques éléments de la tradition orale de Matthieu et de Luc avant la rédaction de ces Évangiles, ce qui rend possible une rédaction de cette lettre par Jacques, le frère de Jésus, mort en 62 à Jérusalem.

Cela expliquerait pourquoi cette lettre de Jacques n’accorde aucune place à la croix ni à la résurrection de Jésus, bien loin des spéculations théologiques de Paul ou de Jean. Il ne divinise pas Jésus comme cela commence à être le cas dans la littérature chrétienne de la fin du Ier siècle et de plus en plus du IIe au Ve siècles. Si cette lettre était du propre frère de Jésus cela pourrait se comprendre : un frère a une expérience différente de celle que peuvent avoir des disciples du Christ quelques générations plus tard.

Ce que Jacques retient de son frère génial, c’est la sagesse. Une sagesse s’incarnant dans une vie bonne. Une sagesse forgée dans l’âpreté de la vie, travaillée dans la lecture de la Bible, nourrie d’intelligence et de prière, s’incarnant dans un engagement personnel conséquent. Le sermon proposé par cette lettre de Jacques nous offre un portrait tout à fait touchant de l’homme Jésus, et nous invite à nous en inspirer.

Nous aurions là un témoignage très ancien, presque archaïque sur la foi chrétienne. La prise de Jérusalem en 70 par les Romains, puis le divorce entre le judaïsme et le christianisme feront disparaître ce courant pourtant dominant dans le christianisme du vivant de Jacques. On ne refait pas l’histoire, mais il est possible de retrouver cette dimension de la foi chrétienne comme école de sagesse, comme une recherche d’une vie belle et bonne, sage et bienfaisante, forte et heureuse… Une école de sagesse dont Jésus serait le fondateur. Un petit peu à la manière de Socrate. En eux deux, la sagesse et la vie ne font qu’un.

Le parallèle entre Socrate et Jésus, né plus de 400 ans plus tard, a souvent été fait. C’est même le sujet de la thèse de Kierkegaard… suite du texte ici


(début de la prédication à 11:48)

film : Soo-Hyun Pernot

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